2018 : L’AGENCE BLOOMBERG A-T-ELLE LE NEZ CREUX ? par François Leclerc

Chaque fin d’année, l’agence d’information Bloomberg se livre à un même petit exercice. Une agence ne pouvant prétendre livrer des prédictions, elle tente de provoquer la réflexion en annonçant les évènements majeurs possibles de l’année à venir, si les choses tournaient mal. Quels sont les scénarios retenus cette année, qui débordent cette fois-ci sur les années suivantes ?

La provocation est réussie, la réélection à un second mandat de Donald Trump figure en première place, l’enquête du procureur Robert Muller sur ses liens avec les autorités russes ne débouchant pas. Il engage la dérégulation et dépense des milliers de milliards en crédits militaires et en rénovation des infrastructures. Un boum intervient dans un premier temps. Une victoire démocrate de l’animateur de télévision Jimmy Kimmel n’intervient qu’en 2024, une fois les États-Unis entrés en récession. La tendance à la fragmentation du corps électoral se poursuit, la domination exclusive des deux grands partis menacée.

Tout contrôle de la négociation du Brexit ayant été perdu, le Royaume-Uni quitte comme prévu l’Union européenne en 2019 une fois celle-ci remise sur ses rails par Jeremy Corbin parvenu au pouvoir à la faveur d’élections anticipées en 2018. Bloomberg décrit alors le scénario apocalyptique des méfaits de sa politique, dont la gratuité des universités, l’explosion de la dette en découlant, notamment, l’inflation devenant galopante, comme s’il s’agissait d’un vœu.

L’Union européenne est quant à elle présentée comme minée par un conflit de nature générationnel, le système des retraites explosant devant le coût de celles des baby-boomers que les cotisations des nouveaux venus sur le marché du travail ne permettent plus de financer. Chaque retraité devant être soutenu par deux actifs, la situation devient intenable. Jean-Luc Mélenchon remporte les élections en 2022, ainsi que le Mouvement des Cinq étoiles en Italie. L’Écosse se sépare du Royaume-Uni et la Catalogne en fait autant de l’Espagne. Une crise financière réapparait dans tout le sud de l’Europe, l’Union européenne n’y résiste pas.

Le règne du pétrole prend fin avec l’avènement des véhicules électriques, l’OPEP ne parvenant pas à contenir la chute de son cours. Les pays moyen-orientaux producteurs de pétrole sont pris de cours dans leur reconversion tardivement entamée. Une grave crise économique les secoue. Des émeutes interviennent en Russie.

Le régime nord-coréen multiplie les provocations et lance un missile qui tombe au plus près de la côte Ouest-américaine, mais Donald Trump ne réplique pas. Il conforte un rapprochement avec la Chine, notamment en lui vendant des équipements militaires, et s’engage dans une stratégie d’affrontement commercial avec le Japon et la Corée du sud, menaçant d’en retirer ses troupes. Le Japon se dote de l’arme nucléaire et la Chine célèbre en 2025 sa réunification avec Taiwan, avec l’assentiment de Donald Trump en fin de mandat.

Le système financier est déstabilisé en 2018, des hackers ayant fait main basse sur les dépôts d’une banque régionale américaine. Il tient bon, mais le bitcoin acquière le statut de valeur refuge et continue à grimper irrésistiblement pour atteindre 100.000 dollars. Un nouveau scandale de piratage des banques aboutissant à un krach de Wall Street, les banques centrales adoptent la technologie blockchain et se substituent aux banques commerciales dans leurs opérations de crédit. Les monnaies virtuelles dominent le système monétaire et Amazon ainsi que son homologue chinois, les systèmes de payement.

Les « fake news », ces fausses nouvelles des campagnes de désinformation, continuent de se répandre sur les réseaux sociaux malgré tous les efforts d’endiguement. Des gouvernements s’en servent comme arme d’influence. Les assistants vocaux sont à leur tour atteints, piratés pour donner des réponses orientées, parasitant les processus électoraux. L’administration américaine n’a plus d’autres ressources que d’interdire les grands réseaux sociaux, suscitant l’apparition d’une multitude de prétendants à leur succession, ce qui donne à nouveau libre cours aux campagnes de désinformation.

L’Agence Bloomberg vise-t-elle juste ? L’année précédente, elle avait certes joué la victoire de Marine Le Pen en France, mais aussi celle de Donald Trump aux États-Unis !

Ceux qui s’inquiètent en eux-mêmes de ne pas se lasser d’annoncer de mauvaises nouvelles sont désormais rassérénés, ils sont largement dépassés. Bonne Année !